Chers lecteur(trice)s,
J’ai le plaisir de vous partager une histoire d’époque dénichée dans les histoires « Audio » sur le site de la Bibliothèque des Archives Nationales du Québec (BAnQ). En effet, j’ai écouté une entrevue menée de mains de maître par Gertrude Legault Beauregard, en 1984, soeur de Florence. Ce récit « Mémoire d’une époque », se trouve parrainé par le Fonds de l’Institut québécois sur la culture.
Je vous présente Florence Legault qui est née à Montréal le 5 décembre 1912 en la paroisse St-Stanislas-Kostka de Montréal. Florence était la 5e de 10 enfants d’une famille ouvrière. Son père, Wilfrid Legault, était natif de St-Timothée de Salaberry-de-Valleyfield et sa mère, Anna Parent, était de Keeseville (New-York), de la paroisse de St-Jean-Baptiste. Anna a immigré au Québec en 1882. En 1891, elle vivait en la paroisse Sainte-Marie, à Montréal et, en 1911, elle résidait dans le quartier Hohelaga-Maisonneuve, à Montréal. C’était un quartier ouvrier habité en majorité par des familles modestes.
Florence était une petite fille énergique et semblait douée pour le bonheur et pour les apprentissages scolaires, surtout en français. Elle aimait beaucoup la lecture. Pour élargir les connaissances culturelles et artistiques de leurs enfants, ils voulurent enseigner à leurs enfants la musique qui était un beau passe-temps. Son père jouait du violon et sa mère du piano.
À dix ans, Florence a développé un passion pour les livres et la composition française. D’ailleurs, elle avait obtenu le prix du Prince de Galles, une médaille en or 18 carats, pour sa composition française, concours qui avait été organisé par Dupuis & Frères à l’époque. À 14 ans, elle entrait à l’École Normale à cause de ses bonnes notes scolaires. Le coût était de 125$ par année. Elle a obtenu son diplôme supérieur assez rapidement. Elle avait projeté de se consacrer à l’enseignement. Elle a donc entré à l’Institut pédagogique et a pu enseigner très tôt, soit à 16 ans et demi. M. Cyrille Delage, qui a été Surintendant de l’Instruction publique, a signé le diplôme de Florence. En 1929, en temps de crise, elle donnait à ses parents 8 à 9$ de sa paie. Son salaire n’était que de 15$ par semaine. Avant la crise, elle gagnait 21$ par semaine. À son époque, les classes comptaient 42 élèves, ce qui était un défi important.
Florence se disait féministe et, devenue monoparentale, malgré sa lourde tâche familiale, tenait à poursuivre sa vocation d’enseignante, ce qu’elle fit pendant 19 ans avec un dévouement remarquable.
En écoutant ce récit audio, j’ai compris qu’être enseignante et monoparentale entre 1929 et 1945 était extrêmement difficile, surtout compte tenu des défis économiques et sociaux de cette époque, notamment la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale. Voici quelques éléments que Florence a du considérer : Défis économiques : La Grande Dépression, débutée en 1929, a entraîné un chômage massif et une instabilité financière ce qui a rendu difficile pour Florence, enseignante monoparentale, de subvenir aux besoins de sa famille. Discrimination de genre : Pendant cette période, elle a été souvent confrontée à la discrimination sur le marché du travail, y compris dans le domaine de l’éducation. Florence recevait un salaire inférieur à ceux des hommes. Charge de travail accrue : Étant enseignante monoparentale signifiait probablement de jongler entre les responsabilités professionnelles et familiales, ce qui a entraîné une charge de travail considérable et un stress émotionnel important. Réseaux de soutien limités : À une époque où les structures de soutien social modernes n’existaient pas, Florence avait donc peu d’aide extérieure pour concilier travail et famille. Contexte historique : La Seconde Guerre mondiale, débutée en 1939, a également eu un impact significatif sur la vie quotidienne. Les rationnements, les déplacements de population et d’autres mesures de guerre auraient ajouté des difficultés supplémentaires à la vie quotidienne. Éducation des enfants : En tant qu’enseignante, elle aurait probablement valorisé l’éducation de ses propres enfants, mais cela aurait pu être difficile à maintenir avec toutes les autres responsabilités qu’elle assumait.
En dépit de ces défis, Florence a fait preuve de résilience et de détermination pour subvenir aux besoins de sa famille et poursuivre sa carrière dans l’enseignement. Il est également possible qu’elle ait trouvé du soutien au sein de sa communauté ou de son réseau professionnel pour l’aider à surmonter ces obstacles.
Bravo à ces femmes enseignantes de l’époque qui se faisaient un devoir de bien former et encadrer les jeunes.
Auteur: Ginette Léveillé Côté m. 434, ADNLD inc.
Responsable du Blogue de l’ADNLD inc.