L’Épopée de Noël LEGAULT (Le Goff) dit DESLAURIERS et de son épouse, Marie BESNARD dit LAJEUNESSE
Noël Legault (Le Goff) dit Deslauriers, né vers 1673, est le fils de Roch Le Goff et de Marie Galiou (Galion). On n’a pas retrouvé l’acte de baptême de Noël. On connaît toutefois son lieu d’origine grâce à son acte religieux de mariage qui le dit venir « de la paroisse d’Irvillac, de l’évêché de Cornouailles ». Noël est originaire du village de Kerinot, situé à environ 25 km au sud est de Brest, dans le Finistère en Bretagne. Plusieurs reliquats patrimoniaux, du temps où Noël y vivait, subsistent encore de nos jours dont l’enclos paroissial complet typique de Bretagne, comprenant le mur d’enclos, l’église Saint-Pierre (1656), le cimetière original, le calvaire et l’ossuaire, où sont probablement contenus les restes de ses parents.
Son arrivée à Ville-Marie, aujourd’hui le Vieux-Montréal, comme soldat dans la compagnie Franche de la Marine sous le commandement de François Le Verrier sieur de Rousson, est estimée vers 1695. Cette hypothèse est valide puisqu’il était toujours sous les armes lors de son mariage et durant les premières années qui suivirent son union et que les contrats signés par les soldats étaient d’une durée de 3 à 6 ans.
Mariage de Noël et Marie
Noël épouse Marie Besnard dit Lajeunesse, veuve de François Gloria, le 18 novembre 1698, à l’église Saint-Nom-de-Marie, première église de la paroisse Notre-Dame, église ayant précédé la présente basilique dans le Vieux-Montréal. Marie, fille de Mathurin Besnard dit Lajeunesse et de Marguerite Viard, une fille du Roy, a vu le jour à Chambly au Québec, le 7 mai 1678. Marie est baptisée à l’église Saint-Pierre de Saurel, aujourd’hui Sorel.
Noël ne semble pas connaître sa date de naissance, car il déclare être âgé de 24 à 25 ans lors de son mariage. Marie ne semble pas non plus se souvenir de son âge exact, car l’acte la dit âgée de 19 à 20 ans. Par contre, nous possédons maintenant l’extrait de son acte de baptême confirmant sa date de naissance au 7 mai 1678. Comme il ne semble pas y avoir d’empêchement à l’union, le supérieur des Sulpiciens et grand vicaire, François Dollier de Casson, dispense le couple de la publication de bans et le curé de la paroisse Notre-Dame, René-Charles de Breslay, bénit l’union. Le jour précédent, soit le 17 novembre, les mariés passent devant le notaire Pierre Raimbault pour signer un contrat de mariage.
Il faut savoir qu’à son mariage avec Noël Legault, Marie est alors veuve et mère de deux fils : Jean-Baptiste décédé au berceau en 1697, et Pierre né le 13 février 1698. Elle avait épousé en premières noces François Gloria, le 31 octobre 1695 à l’église Saint-Nom-de-Marie. Deux ans plus tard, Marie et François s’installaient sur une terre donnant sur la rivière Saint-Pierre, au lieu-dit Coteau de l’étang Saint-Pierre aussi nommé lac à la Loutre, aujourd’hui remblayé, qui s’étendait au bas de l’actuelle falaise Saint-Jacques, partant de l’échangeur Turcot d’aujourd’hui et s’allongeant vers l’Ouest sur plusieurs kilomètres. L’étang Saint-Pierre était alimenté, à son extrémité ouest par la rivière Saint-Pierre.

Source : Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE SH 18 PF 127 DIV 8 P 2 D
Plan de partie de l’isle de Monreal.jpg
Création : XVIIIe siècle date QS:P,+1750-00-00T00:00:00Z/7

De nos jours, il ne reste qu’un court tronçon de 200 mètres qui n’est pas canalisé. Ce tronçon traverse l’extrémité est du golf Meadowbrook, aux confins des présentes limites des arrondissements de Lachine et de Montréal-Ouest. C’est en partie à l’actuel golf Meadowbrook que se situait la terre appartenant à Marie Besnard et à son premier mari, François Gloria.
Cette même rivière Saint-Pierre servait de décharge à l’est de l’étang pour déboucher au fleuve en face de l’Île des Sœurs (autrefois, île Saint-Paul), à proximité du présent aqueduc de Montréal à Verdun. De plus, sous le régime français, pour répondre aux besoins hydrauliques de la population, un petit canal fut creusé, nommé ruisseau Saint-Pierre ou petite rivière Saint-Pierre. Le ruisseau partait de l’est de l’étang et s’écoulait dans le port de Ville-Marie. Bien que maintenant canalisé, il coule toujours jusqu’au vieux port de Montréal, passant sous l’actuel musée de Pointe-à-Callières où on peut encore l’apercevoir.
Mais voilà qu’en 1698, François Gloria est capturé lors d’un raid autochtone et disparaît définitivement, probablement mort en captivité. Selon l’acte notarié du 24 avril 1699, ce sont les deux beaux-frères de Marie, Jean Cousineau et Mathurin Chartier, qui deviennent les tuteurs de Pierre, alors âgé de quelques mois seulement. Notons aussi que Marie est à ce moment mineure.
Noël et Marie s’établissent à Lachine
On peut avancer que Noël Legault dit Deslauriers, connait le couple et l’endroit où ils habitaient. Vraisemblablement Noël y a habité, ou y avait habité, puisque les soldats de la marine étaient hébergés chez l’habitant pour protéger les alentours, donner un coup de main, et aussi pour alléger les coûts d’intendance de l’armée.
C’est sans doute sur cette terre de la rivière Saint-Pierre, ayant appartenu au couple Gloria-Besnard, que les nouveaux époux Marie et Noël, s’établirent. C’est aussi en 1698 que le compagnon d’armes et ami de Noël, François Quéré dit Lavallée, obtient une terre, comme plusieurs soldats, aux limites des arrondissements montréalais actuels de Saint-Michel et de Montréal-Nord, au lieu-dit de la Grande Prairie. Ce dernier la rétrocède à Noël en 1699 mais le couple ne l’occupera jamais. De nos jours, au nord-est de l’Île de Montréal, le boulevard des Grandes-Prairies rappelle cet endroit.
Suite aux aspects juridiques de la succession de François Gloria, les nouveaux époux, Noël et Marie, doivent quitter leur terre en 1699. Nous ne savons pas où ils habitèrent jusqu’à ce qu’ils acquièrent en 1701, la terre de Pierre Sabourin, adjacente à la terre au Coteau de la Rivière Saint-Pierre appartenant aux héritiers du défunt François Gloria. Aujourd’hui, cette terre est située en grande partie là où se trouve le golf Meadowbrook à Lachine. Cette acquisition est faite avec obligation au sieur de Coüagne. En 1708, Noël et Marie se voient donc obligés de remettre la terre à cause de dettes dues aux héritiers du Sieur de Coüagne, décédé entretemps. L’année précédente (1707), toujours au Coteau St-Pierre, Noël et Marie avaient acheté une terre à Magdeleyne Michaud, veuve de Jacques Le Duc, et à son nouvel époux, Geoffroy Lefèvre (Lefebvre), qui leur louait aussi la terre adjacente. En 1712, Noël la vend à Jean Monet pour rembourser les sommes encore dues à la succession du Sieur de Coüagne.
C’est en 1713 que Noël décide de louer la terre, avec une maison en pierre et plusieurs commodités, du sieur François Lamoureux dit Saint-Germain et de Marguerite Mesnard. Le bail est d’une durée de 7 ans et le contrat est ensuite renouvelé pour 5 ans, se terminant en 1725. Cette terre est située à la Côte-Saint-Paul, de l’autre côté de la rivière et du lac St-Pierre, aujourd’hui Côte-Saint-Paul et Lasalle, un peu à l’est de l’actuel Pont Mercier. Noël et Marie ont élevé une partie de leur famille sur cette terre.
En 1718, profitant probablement de l’effet d’apaisement provenant du traité de la Grande Paix de Montréal, Marie et Noël acquirent, plus à l’ouest, une terre de Pierre Aymard et de Marie Lalonde, près du lieu-dit La Présentation, à l’origine de la cité de Dorval. Cette terre sera ensuite agrandie vers l’arrière par une concession des Sulpiciens en 1723. Morcelée en deux, cette moitié de terre en continu est vendue au fils Pierre-Noël en 1724. Cette terre partait du lac Saint-Louis, à l’ouest de l’île Dorval, en direction nord-ouest jusqu’à l’extrémité ouest des pistes de l’aéroport de Montréal.
De même, en 1719, les Sulpiciens concédèrent à Noël et Marie, une terre sur la Côte Saint-Rémy près du lieu-dit La Présentation, aujourd’hui Montée Saint-Rémi à Dorval, qu’ils vendent à leur fils Jean-Baptiste, en 1724. En mars 1740, Noël alors âgé d’environ 66 ans, partage ses biens entre ses fils. Le plus jeune, François-Marie, reçoit la ferme familiale et ses animaux, ses dépendances et l’équipement, à condition d’y héberger ses parents et d’en prendre soin jusqu’à leur décès, comme il était coutume à l’époque. Quelques mois plus tard, ce dernier rétrocède à son beau-frère, Ambroise Dubois dit Brisebois et à sa sœur, Marie-Anne Legault, la ferme familiale et toutes les conditions établies précédemment.
Marie et Noël auraient vécu à La Présentation, connue maintenant comme la Cité de Dorval, jusqu’à leur décès : Noël en 1747, à environ 73 ans et Marie, en 1760, à 82 ans.
Nos premiers ancêtres au Canada sont inhumés dans la crypte de l’église historique de la paroisse Saint-Joachim à Pointe-Claire, paroisse à laquelle ils appartenaient lors de leur décès car à cette époque, La Présentation n’était pas encore érigée en paroisse.
La descendance de Marie et Noël
Marie Besnard dit Lajeunesse et Noël Legault dit Deslauriers eurent 14 enfants. Duquel de leurs enfants descendez-vous? Vous trouverez la réponse dans les archives de l’ADNLD Inc., contenant plus de 69 429 entrées ainsi que des photos, extraits de registres, documents, livres, etc…
Pour effectuer des recherches avec notre banque de noms…
Commémorations
L’Arboretum du parc de la Paix de Dorval est situé en partie sur la terre ancestrale. En 2009, l’ADNLD INC. y plante un érable de Norvège en mémoire des ancêtres Noël et Marie. De plus, en juin 2018, une nouvelle plaque commémorative nous est offerte par la commune d’Irvillac et y est dévoilée en compagnie d’une délégation d’Irvillac pour souligner les liens qui nous unissent.
De plus, à Dorval, les édifices patrimoniaux comme le Manoir Legault et la maison Legault-Allard ainsi que la rue Avila-Legault entre autres, témoignent de la participation de leur descendance au développement de la ville. Encore aujourd’hui, plusieurs entreprises « Legault » ont pignon sur rue et y sont florissantes. Notons que Dosithée Legault dit Deslauriers y fut maire de 1897 à 1898.
Nous trouvons aujourd’hui à Pointe-Claire, le quartier historique dans lequel est situé le centre communautaire Noël Legault. Partout dans l’ouest de l’île de Montréal, de nombreuses rues et maisons patrimoniales portent le nom de Legault et de Deslauriers, témoignant de la descendance de Marie et Noël.
Vous pouvez aussi consulter le bulletin Se Souvenir, Volume 15, numéro 1 (Mars 2014) « Les Legault dans la toponymie des lieux » par Suzanne Hachez (m. 525) pages 12 – 17.
La famille Legault dit Deslauriers entretient aussi un autre fort lien historique avec Lachine, Montréal, Québec. En plus d’y avoir vécu de 1698 à 1718, tous les fils de Noël et Marie font pour un temps le métier d’engagés de l’Ouest. Ces derniers étaient des hommes embauchés sous contrat pour avironner et portager de gros canots de commerce et leurs marchandises qui quittaient Lachine, en amont des dangereux et forts rapides, pour se rendre aux Pays-d’en-Haut, c’est-à-dire aux Grands Lacs, à la tête du Mississippi, au haut de la rivière des Outaouais et même à la rivière Rouge aujourd’hui Winnipeg au Manitoba, où ils devaient revenir chargés de fourrures pour être acheminées en Europe.
De nos jours, à Lachine, à l’endroit même où l’on partait et revenait des Pays-d’en-Haut, on a reconstitué la vie et les mœurs des « engagés de l’Ouest » au Lieu historique national du commerce-de-la-fourrure-à-Lachine, musée que l’on peut visiter. De plus, on retrouve cette immense murale présentant la devanture du magasin général d’Hormidas Legault dit Deslauriers. Cette œuvre est située du côté sud de la rue Notre-Dame, entre les 13e et 14e avenues.
Devanture du magasin général d’Hormidas Legault dit Deslauriers vers 1895.
Murale située au 1349 rue Notre-Dame, réalisée en 2014 par la Maison des Jeunes l’Escalier de Lachine.
Ville de Montréal – photo Natacha Gysin
Références et collaboration :
- Association WAR HENTCHOU IRVILHAG : Gilbert, Crenn et Le Henaff, Patrick, (2017).
- Noël LE GOFF à Irvillac. Réflexions et hypothèses sur la vie de Noël LE GOFF à Irvillac
- Deslauriers, Jean, (2002). Noël dit Deslauriers l’ancêtre.
- Fournier, Marcel, (2005). Les Bretons en Amérique française 1504-2004.
- Legault, Claude, (2001). Legault dit Deslauriers, Noël (Tomes 1 et 2) ; Un Breton en Nouvelle-France.
- Legault, Conrad et al. (2005). Livre de Notre Ancêtre Noël Legault dit Deslauriers.
- Legault, Denise, (2001). Legault dit Deslauriers, Transcription d’actes notariés.
- Legault, Pierre, m. 284, secrétaire de l’ ADNLD inc. :rédacteur de la première mouture du texte et choix des illustrations.
- Lafleur, Madeleine, m.605, réviseuse.
- Pittet Legault, Paulette, traductrice.
- Tessier DesLauriers, Aline, traductrice.


La compagnie Franche de la marine
Les soldats de la marine étaient regroupés à La Rochelle pour leur entraînement et partaient de ce port pour la Nouvelle-France. Ils avaient pour mission de protéger la population locale et les forts de la colonie, du nord du Mississippi, des Grands Lacs, de la rivière Rouge (Winnipeg, Manitoba), de la rivière des Outaouais, du long du fleuve Saint-Laurent jusqu’aux rivières Richelieu, Hudson et le lac Champlain, sous la menace constante de raids des nations autochtones. La crainte des attaques par les guerriers des Premières Nations dura pendant près d’un siècle, et pris fin avec la Grande Paix de Montréal, conclue le 4 août 1701, avec une quarantaine de nations autochtones et près de 1300 émissaires venant d’aussi loin que du Mississippi.
Patronyme : Noël LEGAULT (Le Goff) dit DESLAURIERS
Or, il n’y a pas de Legault en Bretagne mais on y rencontre aujourd’hui beaucoup de Le Goff qui est la francisation au fil des siècles, du nom Ar Goff en pur breton. En breton, les double « F » à la fin d’un mot, d’un nom, ne se prononcent pas et sont en fait une convention d’écriture équivalente à un accent circonflexe sur le « O » qui précède les 2 « F ». Le Goff se prononce donc « Le Go » en breton. Vraisemblablement, notre ancêtre prononçait phonétiquement son nom, « Le Go ». C’est ainsi que, dans l’acte de mariage, son nom Le Goff est écrit textuellement « Le go ». C’est toutefois dans le contrat de mariage que son nom Le Goff est francisé en Legault par le notaire Raimbault, d’où part le patronyme nord-américain LEGAULT que nous portons, ou pour d’autres, celui de DESLAURIERS. Le nom Legault dit Deslauriers s’est écrit ainsi au complet avec son surnom jusqu’au début du XXe siècle. Tous les Legault d’Amérique et plusieurs Deslauriers, ainsi que quelques Bastien et Godin, sont les descendants de Noël Legault dit Deslauriers et de Marie Besnard dit Lajeunesse. Dans les actes notariés de l’époque, on retrouve Le go dit Deslauriers, le Gault, Déloriers dit Legault, Legau dit deslauriers, Le Gaut, Legeau, Deslorier, autant de façon de calligraphier notre patronyme.
Pour ce qui est de son surnom Deslauriers, il lui fut donné dans l’armée, car à cette époque, les soldats n’étaient connus et appelés que par leur surnom dans les armées françaises. Ce surnom lui vient sans doute d’un arbuste caractéristique du Finistère et qui se trouvait vraisemblablement autour de la maison ancestrale.
Notes
Comme les recherches en histoire et généalogie ne se terminent jamais, de nouveaux documents peuvent modifier les informations recueillies à ce jour. Si vous trouvez ou avez de telles informations, n’hésitez pas à les partager avec nous.